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La déontologie journalistique

Sara RIOU

Le 6 Avril 2010, le reportage de l'équipe des « Infiltrés » s'immerge au cœur de réseaux pédophiles sur Internet est diffusé sur France 2. Menée pendant un an, l'enquête s'avère imparable. Et les faits sont terrifiants.

Il a suffi à Laurent Richard, rédacteur en chef des « Infiltrés », de se faire passer pour « Jessica, 12 ans » sur des messageries réservées aux ados pour être aussitôt contacté par des hommes proposant des rendez-vous à caractère sexuel.

En caméra cachée, le reporter a pu en rencontrer une dizaine qui pensait avoir amadoué une fillette. Parmi eux, un chef d'entreprise de 35 ans qui confie être l'auteur d'attouchements sur sa fille de 5 ans. Le but était de comprendre tout d’abord leur mode opératoire, mais pointe également les défaillances des modérateurs des sites Web et le manque de moyens de la police pour surveiller la Toile.

Le journaliste a dénoncé 23 personnes qui ont été arrêtées.

D’une part, une quinzaine de journalistes, écrivains, réalisateurs et producteurs s’insurgent contre la décision prise par l’agence Capa de dénoncer 23 pédophiles présumés. Pour eux la grande agence de presse française (Capa) vient de se transformer en auxiliaire de police au mépris de la règle de base du journalisme : la protection des sources.

En effet, le journaliste doit être un acteur social, libre et indépendant. Le journalisme doit rester une activité sans lien avec quelque pouvoir que ce soit : politique, policier, judiciaire, religieux. Au risque de disparaître.

Tout journaliste en situation d’enquête peut et doit avoir des problèmes de conscience qu’il résout au cas par cas, en franchissant parfois certaines limites.

En se transformant en auxiliaires de police, en arguant de morale plutôt que d’information, des journalistes ouvrent une brèche qui mène à la délation.

Du coté de Capa, « Laurent Richard a été détenteur d’informations qui pouvaient le convaincre du fait que ce risque était palpable, sérieux, et objectif. Les pédophiles qui étaient en face de lui étaient crédibles dans leur annonce d’un éventuel prochain passage à l’acte.

Capa montre du doigt ceux qui considèrent le secret des sources comme « veau d’or », il faut dire que l’exercice de la liberté de conscience, c'est-à-dire celui qui exige de trancher, en conscience, un dilemme, ne se satisfait pas des attitudes systémiques, dogmatiques mais doit rester une prérogative individuelle du journaliste."

On met ainsi en évidence qu’aucune structure n’est mise en place dans ce genre de dilemme. Les journalistes ont toujours lutté pour la liberté de presse. Aujourd’hui considérée par certain comme le 4ième pouvoir, le presse joue un rôle essentiel dans notre société. Le problème est que, mal régulée, celle-ci pourrait perdre la confiance de son public.

On peut alors se demander quel est l’intérêt de la déontologie ?

Comment est-elle mise en place ?

Quelles sont les conséquences en cas de rupture avec celle-ci ?

Le besoin d’une déontologie.

Définition :



« Le journalisme est devenu central dans notre société, il demande de nombreuses exigences (Impartialité, véracité de l’information,…)».

On peut citer la charte du SNJ, dans laquelle est listé les valeurs du journaliste « digne de ce nom » : Garde le secret professionnel et protège les sources de ses informations, ne confond pas son rôle avec celui du policier ou du juge…

On retiendra que d’après la DDHC : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer… ».

Ce qui est un principe intangible de la démocratie. Xavier Molénat qui rajoute que « La déontologie tient d’une part des devoirs professionnels des valeurs morales à vocations universelles. D’autre part du mode de sanction des manquements constatés ».

Seulement la mise en place d’une autorégulation est complexe. Xavier Molénat explique que ces instances n’existent pour ainsi dire jamais (contrairement aux médecins qui peuvent être radiés par exemple).

En effet il n’existe qu’un texte de référence, la charte de Munich, approuvée par l'ensemble des syndicats de journalistes européens. Certaines sociétés de presse ont rédigé leur propre charte "maison", qui ne s'applique que dans leurs murs (exemple du Monde).

Il n’y a donc aucun texte juridique obligeant les journalistes à être des déontologues et ces textes n’ont aucune valeur juridique.

1. L’autorégulation : Moyen que veulent mettre en place les journalistes, car pour pouvoir accéder à la liberté de presse, aucune instance, aucune autorité ne doit contrôler la presse au risque de sa destruction. 

Cependant il n’existe actuellement en France aucun mécanisme interne permettant de sanctionner ou de débattre des fautes professionnelles des journalistes.

Solutions :

2. La commission de la carte d’identité des journalistes professionnelles (CCIJP) : Délivre la carte de presse, cependant cette délivrance ne se fait sans tenir compte de la déontologie.

Elle permettrai d’aider à « l’organisation méthodique de la profession, dont les intérêts moraux sont de pairs avec les intérêt matériels », elle permettrait le contrôle du journalisme par les journalistes.

En cas de fautes professionnelles :

La loi accorde des libertés mais définit aussi ses limites. Il existe des délits de presse qui instaurent des responsabilités individuelles et collectives à la fois, depuis le distributeur jusqu'à l’éditeur de publication.



Les délits contre l’ordre publique : offense au président de la République, publication de fausses nouvelles.
Les délits contre les personnes : atteinte à l’honneur ou considération d’un citoyen,…

 

Pour ces délits, la loi accorde le droit de rectification, qui deviendra le droit de réponse, et qui protège tout citoyen mis en cause dans une publication en l’autorisant à répondre.

La publication d’acte d’accusation et de procédure criminelle est interdite ainsi que le compte rendu des délibérations des juges. Les responsables, s’il y a un délit, sont les gérants et les éditeurs, sinon les auteurs et les imprimeurs, ou les vendeurs et les distributeurs. Les auteurs peuvent être poursuivis comme complices.

Les infractions pénales sont sanctionnées par la Cour d’Assises, les tribunaux correctionnels ou par la simple police, tout dépend du degré de gravité : s'il s'agit d'un délit (tribunal correctionnel) ou d'un crime (Cour d'Assises).



Néanmoins, les journalistes s’adonnant à ce genre de pratiques ne peuvent perdre leur carte de presse. La Commission de la carte des Journalistes, chargée de distribuer les cartes de presse, rappelle qu’elle ne peut vérifier un par un les travaux des reporters, et donc vérifier les cas de non respect de la déontologie.

En conclusion

La presse impose une grande place au sein des médias, il faut comprendre que la Presse, contrairement à d’autres types de média, se veut être la plus véridique, c’est elle qui apporte des vraies informations.

Cependant le citoyen doit garder en tête que malgré la déontologie journalistique, aucune structure ne garanti la sincérité des journalistes, et qu’aucune sanction n’existe contre une faute professionnelle.

Ajouter au lexique :
Loi : Règle juridique suprême, générale et impersonnelle, la loi est prescrite par le parlement, représentant du peuple et donc titulaire du pouvoir législatif, le pouvoir d'édicter les lois.
Règlement : Fixe des règles générales et impersonnelles dont l'auteur est le pouvoir exécutif.
Législation : Englobe la loi et le règlement qui lui aussi
Charte : L'ensemble de règles et principes fondamentaux d'une institution. Elle est signée par plusieurs acteurs pour définir un objectif et parfois des moyens communs. Elle n’a aucune valeur juridique.

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