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La presse

Sara RIOU

Le journalisme est-il maltraité ?

A quoi sert la presse ? Pourquoi a-t-elle été mise en place ? Quel est son rôle dans la société d’aujourd’hui ? L’évolution de la société inclut-elle la disparition de la presse ? Quel est actuellement le lien entre la presse et la société dans une démocratie telle que celle que nous connaissons en France ?

Globalement, le terme de presse désigne l’ensemble des moyens de diffusion de l’information, ce qui inclut les supports en eux-mêmes : journaux, magazines. La presse libre est considérée aujourd’hui comme l’un des plus prestigieux types de la liberté d’expression. Elle est indissociable de la démocratie, en particulier celle qui vit une transition et qui encouragent la promotion des Droits de l’Homme (exemple: le soulèvement tunisien et la transition démocratique provoquée) .

La presse transmet les nouvelles aux citoyens, pour qu’ils puissent se former leur propre opinion sur toutes les questions fondamentales touchant la gestion des affaires publiques. De manière générale, les citoyens s’attendent à ce que la presse respectent la vérité et que les informations proposées soient exactes. La première fonction attribuée à la presse est celle d’informer.

La seconde fonction consiste à divertir. En effet la presse regroupe des revues spécialisées, des magazines, des suppléments....

La fonction de divertissement est apparue avec la presse moderne. Cependant un brouillage de la frontière entre informer et divertir  s’est créée, ce qui est l’objet d’une partie des critiques envers la presse. La presse, étant libre, doit  s’autoréguler, c’est pourquoi la presse française a créée différentes chartes afin de constituer ce qu’on appelle la déontologie. (Cf. article sur la déontologie). Ainsi les professionnels de l'information sont censés réaliser leur travail informatif de façon "objective".

Pourquoi l’objectivité constitue un critère important pour pouvoir juger les informations traitées par la presse ?


Comme dit précédemment, une des fonctions de la presse est celle d’informer. Mais dès lors, on peut se demander comment savoir ce qui doit faire l’objet d’un article, mais également qui peut en décider. Comme l’explique Florence Aubenas et Miguel Benasayag (La Fabrique de l’information):


1. Comment évaluer ou juger la vérité des informations à propos de la réalité ?

     Que signifie être « objectif », « neutre » ou « impartial » ?


L’objectivité se rapporte à d’autres notions telles que celle de « réalité » et de « vérité ». La vérité, souvent comprise comme synonyme de réalité, serait ce qui est conforme au réel (Le Robert). La notion de vérité contenue dans la presse semble se concentrer sur le souci d’objectivité, qui est à la base des critiques faites aux journalistes, la  « neutralité » est donc imposée.


Commençons par différencier un savoir objectif d’un savoir de croyance. Le savoir objectif qui est propre aux sciences et qui concerne une représentation rationalisée sur l’existence des objets. Ce ne sont que les savoirs de connaissance qui peuvent être vrais, car ils sont produits avec des instruments scientifiques qui s’appuient sur l’évidence. Le savoir de croyance est un regard subjectif sur les objets du monde. Un « effet de vérité », c’est « croire vrai », ainsi ce qui semble vrai est ce qui est partagé par d’autres. La véracité d’une information dépend donc des preuves qui la valident et qui sont fournies par les médias pour créer des effets de vérité.


La vérité est dans les faits, c’est à dire que le rôle de la presse consisterait à nous faire voir la réalité telle qu'elle est. Le devoir des journalistes serait donc de donner la vérité, ce qui est possible uniquement s’ils restent objectifs. Avoir la notion de réalité permet de répondre aux critiques qui affirment que les médias représentent mal la réalité et qu’ils ne pourront jamais être objectifs ni vrais, car ils détournent la réalité. En effet, cette manière de voir la réalité condamne à l’avance les médias car ce sont des mots qui représentent les objets et les faits qui seront jugées appropriées, justes ou vraies par le récepteur.  C’est pourquoi pour attester de la vérité d’un article, le récepteur va se servir de deux critères: Sa vraisemblance : Une nouvelle est vraisemblable quand elle est conforme aux attentes du public. Son caractère vrai : Une nouvelle est vraie quand son contenu fait l’objet d’un consensus social. Ce consensus se fait à partir de la crédibilité de la source, de la crédibilité du journaliste et des preuves fournies. Or le public n’a pas les moyens de juger de l’exactitude des faits rapportés par les médias, il apprécie surtout le caractère de vraisemblable.


2. D’où vient la prise de position des journaux, peut-on considérer cela comme de l’impartialité ?

L’augmentation de la production n’a de sens que dans la mesure où le nombre de lecteurs augmente. C’est ainsi que le marché des lecteurs apparaît et les quotidiens commencent à circuler. Dans ces conditions, les propriétaires de journaux s’aperçoivent qu’une presse militante, c'est-à-dire liée à un parti politique, ne permet plus de faire face à la concurrence entre ces différents journaux.  Pour élargir le nombre de lecteurs, il a fallut composer un discours adapté à tous types de public.



C’est ainsi que s’est créé le concept de champ journalistique , qui a engendré de nouvelles pratiques logiques dans la presse, appelé     « pratiques discursives ». Ces pratiques ont par la suite influencé la production des discours de presse, ce qui est à l'origine de nouvelles stratégies. En effet, les propriétaires de presse et les journalistes entrent en concurrence dans ce nouveau champ et le discours qu’ils produisent est l’arme principale pour emporter cette concurrence.


Cependant, le discours public n’est pas la meilleure stratégie pour faire face à la concurrence, se met alors en place la «dépolitisation» (2) de la presse. Le discours de presse sera désormais déterminé par des considérations économiques. Attention, ce n’est pas pour autant que la dépolitisation de la presse signifie sa « des-idéologisation », comme le montre l’extrait du Canard Enchaîné ci-dessous :

Désormais, ce n’est plus la position politique mais les « news » qui deviennent le produit principal.

L’information non-partisane, c’est-à-dire les news sans idéologie politique affichée explicitement, devient le produit essentiel de la presse.

Les débats politiques cessent d’être le sujet principal des journaux.

Dorénavant, ce sont les sports, les informations de société, les faits divers et les nouvelles sensationnelles qui rempliront les pages des journaux.

3) Quels moyens sont mis en place pour éviter l’impartialité ?

L’introduction de la logique marchande a modifié le discours de la presse et a favorisé l’apparition des médias de masse et du journalisme comme profession. Cette logique marchande est le concept de « stratégies discursives » :


- Les journaux imposent la réduction de la taille des articles afin d’éviter les détails et ainsi de tomber dans la politique de parti.



- Utilisation du style de la pyramide inversée : l’essentiel de l’information est concentré dans le lead (= première position) et le modèle des « 5W » de l’anglais : who, what, when, where, why (= qui, quoi, quand, où, pourquoi).

En effet, le fait d’imposer au journaliste d’écrire un article court le contraint à se concentrer sur l’essentiel, réduisant ainsi les possibilités d’entrer dans les détails et d’exprimer des commentaires partisans.

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